Rien, vraiment rien à se mettre sous la dent ce soir. Deux heures que j'avais tenté d'apercevoir dans cette foule qui se pressait sur la piste de danse, quelqu'un avec qui j'aurais pu … sympathiser. Pourtant, je ne rêvais pas, il n'y avait que des hommes durant cet après-midi chaude ! J'avais beau chercher, scruter, aucune âme féminine qui vive : je ne m'étais donc pas trompé de lieu et d'heure.

Alors pourquoi cette solitude ? pourquoi cette incapacité à trouver quelqu'un ? Soyons franc, je cherchais l'âme frère d'un soir. J'avais beau me tortiller sur cette piste, profitant de danser en décrivant un large cercle pour passer au milieu des autres qui me regardaient tantôt avec un air amusé, tantôt en me faisant la gueule, je ne trouvais pas un seul visage qui m'attirait.
Ami où es-tu ? En fait c'était bien l'envie de baiser ce soir qui m'avait attiré dans ce lieu sacré du monde homo parisien. Après-midi du dimanche réservé aux gays. Quand j'avais le temps, je prenais un malin plaisir d'arriver avant l'heure où tous les mecs arrivaient et étaient pressés d'entrer. Du costard cravate au blouson noir clouté, de la tronche passée aux produits de chez Auchan ou Carrefour à celle goguenarde d'un motard dont la tête était plus décorée d'anneaux que la veste d'un ancien combattant de médailles du mérite. Par groupe, ils arrivaient. Cela leur permettait de jouer les machos. Des culs serrés et bien remplis par des beautés callipyges dans des futals en cuir qui se tortillent au rythme ou les bottes santiags s'écrasent au sol en cognant le bitume au pantalon bon chic bon genre acheté aux Galeries Lafayette les jours de solde. L'odeur aussi était terrible. Le mec pas savonné depuis 8 jours pour paraître plus mâle ou pour être en marge des petits cons qui prennent 3 douches par semaine et qui se lavent les mains chaque fois qu'un autre mec leur serre la main - genre Bullit -. Une vraie faune. Mais tous ces mecs venaient soit pour se montrer, soit pour baiser.

Quand les files disparaissaient, alors je prenais mon temps pour discuter avec les deux gros videurs plantés devant la porte, à la trogne ressemblant à celle d'un porc, le crâne rasé, les oreilles massacrées par des anneaux placés ça et la, au débardeur en cuir qui laisse apparaître deux gros bras plus gras que musclés mais mutilés par une panoplie de symboles américains gravés à l'encre bleue ou noire : de l'aigle à l'indien au chapeau de plumes.
En général, ces mecs ne sont pas futés, mais comme ils ont besoin de reconnaissance, il vaut mieux leur parler gentiment et on devient vite leurs potes si on sait y faire. Ce soir, ils m'ont fait un clin d'œil, je leur ai répondu par mon plus beau sourire à faire baisser le futal à n'importe quelle gonzesse, un clin d'œil langoureux, un geste des deux doigts singeant la victoire et hop ! me voilà dans le saint des saints.

Je descends le long couloir aux plâtres jaunis par la fumée de cigarettes. Deux mecs à nouveau, dont un à gros bras et l'autre qu'un coup de vent aurait fait voler jusqu'aux chiottes de la maison sans toucher les pieds par terre, semblent attendre mon bon vouloir.
Comme je les interroge du regard sans rien dire, c'est le gros qui parle :
- cent balles !
- tiens ? ça a augmenté ? dis-je, histoire de le faire parler.
- Ouais, c'est comme ça !

Aucune raison de m'attarder avec ces 2 gros cons. Rien que pour les emmerder, je demande à la " plume au vent " si je peux payer par carte bleue. Il semble ébahi et se tournant vers son collègue, soudain pris d'un doute, il entonne :
- mais… ça s'est jamais fait
- Je suis un plouc ! dis-je en souriant
- Ça se voit ! dit le gros sans sourire en faisant craquer l'articulation de sa main gauche.
- Et les chèques ?
- Mais …. Ça c'est jamais fait non plus …
- Exceptionnellement, dit le bouffi, uniquement pour des mecs classe ! dit-il en me dévisageant d'un sale air
- Mais je suis classe ! répondis-je en faisant semblant de chercher le grain de poussière qui serait venu tacher ma veste noire !
- Eh ben non ! répondit-il goguenard
- En espèces alors ?
- Ouaiiiis ! dit le fluet en regardant à nouveau son copain et en rigolant pour se foutre de moi
- Ok ! Ok !

Je sortis alors une poignée de dollars que je devais remettre à la banque le lendemain, reste d'un voyage récent à New York.
Je fis exprès de compter cent billets américains - que je n'avais pas d'ailleurs - devant les yeux exorbités de la " plume au vent " qui me regardait. Son teint jaune avait pris la couleur de la lampe qui nous éclairait. Il avait des yeux injectés de sang. Maladif sans doute, me dis-je en moi-même.
- Maaiissss…. reprit-il
- quoi encore ? fis-je avec un ton agacé !
- mais c'est pas des biffetons français !
- t'as raison lolo ! lui dis-je. Tu sais que tu n'es pas con toi !
Je vis la tronche du gros qui se mit à rougir. Il allait m'aligner un pain.
- mon pote est pas un con !
- excuse-moi, mais l'habitude de parler le ricain je ne trouve plus mes mots !
- je préfère ça.

Je finis par arrêter de jouer avec ces deux dames pipis car une file conséquente s'était constituée à nouveau.
Muni de mon billet, j'atterris au bar. Je reconnus l'un des garçons pour avoir discuté plusieurs fois avec lui, lors de mes venues précédentes.
- Ca va Sam ? me fit-il de la main tout en secouant son shaker de l'autre
- Ouiais ! dis-je en laissant traîner la voix et scrutant autour de moi.
- Y a du monde ?
- Mouais, mais pas forcément que du beau monde ! rétorque-je

Le garçon avait quitté ses parcs à huîtres de Marennes pour venir faire carrière dans la restauration à Paris. Il est vrai qu'il ne savait a priori faire que ça. Il avait dégotté ce job, bien payé et préférait ces 8 heures la nuit et ses 15 heures le dimanche (matinée et soirée) aux brassages de ces cagettes d'huîtres en fer qu'il fallait sans cesse déplacer d'un bassin à un autre, et ce, quel que soit le temps. Il m'avait raconté la galère qu'il avait vécu depuis l'âge de 8 ans où il avait commencer à apprendre le métier en aidant son grand-père et son père. Il aurait dû prendre la suite, mais il n'en avait pas envie. Comme j'avais passé deux étés à l'île d'Oléron, le fait de lui en avoir parlé, nous étions devenus copains. Il me servait systématiquement double dose, que ce soit du whisky, du cognac ou du pastis et ne m'en faisait payer qu'une. La mère maquerelle derrière son comptoir ne laissait rien au hasard et il lui était difficile voire impossible de tricher.
- c'est plus jeune que d'habitude ! me dit-il en donnant du menton dans la direction de la piste, tout en plongeant des deux mains, les premiers verres taris par les assoiffés.
- Ah bon ?
- Ouaiiis, y a vachement de mecs de moins de 18 j'en suis sûr.
- Mais ils sont filtrés !
- Y a des mecs qui font plus mais nos deux loubards seraient plus capables d'arrêter un vieux de 70 ans en lui donnant dix fois moins, que des jeunes … jeunes ! conclue-t-il en secouant les verres et en cherchant ses mots.
- T'es physio toi alors ?
- Je suis quoi ?
Le bruit des DJ commençait à couvrir nos voix
- rien ! pas grave ! continue à secouer tes verres et tu me serviras un brun
- ok !
Il posa ses deux verres sur le comptoir pour les faire sécher et partit à la recherche de la bouteille de whisky.
- c'est un bon me dit-il en clignant des deux yeux et en m'apportant le verre.
- Ok, c'est sympa.

D'autant que le ticket mentionnait le prix d'un whisky ordinaire. Je délectais le contenu, mais le seul glaçon qu'il avait mis dans le verre n'avait pas encore fait son œuvre.
Je mis l'argent sur le comptoir et me dirigeait vers la piste.
Je dus à plusieurs reprises m'écarter pour éviter d'avoir un zombie qui ne me tombe dessus. La lumière, le bruit commençaient à faire leur œuvre. Je découvrais déjà des torses nus, dégoulinant de sueur. Les pantalons aux larges jambières glissaient sur les hanches, laissant paraître le haut du caleçon sur dix bons centimètres.
La tête dodelinait, les yeux fermés. Les genoux se levaient à chaque coup de batterie, les bras se balançaient d'avant en arrière. La fête avait débuté. Je continuais tant bien que mal à me frayer un chemin. J'entendis claquer des mains comme si on encourageait quelqu'un. Curieux, je me dirigeais, le verre à la main, vers l'attroupement. Grand et baraqué, je n'eus pas de peine à ce qu'on me laissât entrevoir un jeune mâle, à poil, au milieu de la piste, qui s'était attaché le prépuce avec le lacet de ses tennis et qui dansait en tortillant son pénis par le lacet, comme on le ferait avec les fils d'une marionnette. Le garçon n'était pas mal mais quelle idée de se montrer ainsi. Lorsqu'à force de bouger sur la piste exiguë, il dépassait le périmètre de celle-ci, quelques claques de branquignoles sur ses fesses le remettaient dans le droit chemin. Un grand noir, écarta brutalement la foule. Il croisa les bras, regarda le petit blanc qui se tortillait à poil devant les autres et s'avança. Il le bouscula et eut droit aux reproches de certains spectateurs plutôt placés en dernier rang qu'en premier, car le colosse aurait pu mettre un pain en retour. Il enleva sa chemise. Un torse immense aux poils crépus sur la poitrine fut mis à nu et la contorsion commença. A mon avis, si le premier était exhibitionniste, le second devait avoir pas mal bu. Il se passa un moment avant que je ne décide de m'éclipser, mais là, le battement fut remplacé par le cri de dizaine de spectateurs :
- à poil ! à poil !
Le noir se retourna, tapant ses poings contre sa poitrine, imitant King Kong.
- à poil ! à poil ! répétait le public convaincu que rien ne se passerait et que le noir finirait par quitter la piste.

Aux cris, le pantalon ne sut résister et le bougre n'avait apparemment pas autre chose dessous à moins qu'il ne fit glisser le sous-vêtement avec le pantalon.
- belle bite ! entonnèrent plusieurs voix reprises en cœur par ceux-là même qui ne voyaient pas forcément la piste d'où ils étaient placés.
En effet, je pus voir un engin long de plus de 20 cms, très épais, surmonté d'une touffe aux poils crépus. L'engin aurait fait pleurer une jeune fille européenne le jour de son dépucelage.
Une chanson paillarde relative au sexe fut entonnée et d'un cri, paroles ou " la la la " habituels enhardirent notre noir qui se mit à provoquer le jeune blanc en lui montrant une queue qui faisait presque le double de la sienne.
- tu la suceras pas !

Une fois encore, quelques jeunes spectateurs essayaient de provoquer les deux mâles qui dégoulinaient de sueur.
Le jeune fit que non en ouvrant la bouche et en faisant signe qu'elle ne pourrait pas rentrer dans son orifice.
- tu la suceras pas, recommencèrent les provocateurs.

Alors le nègre s'avança vers le petit blanc, le prit par le poignet, l'obligea à se mettre à genoux en lui tordant le bras. Sous la douleur, notre jeune homme se laissa glisser à terre, lâcha son lacet et ouvrit la bouche de douleur. C'est à ce moment que notre noir, de sa main libre, tenta de lui mettre le gland dans la bouche. Des applaudissements se firent entendre. Notre européen en avait déjà plein la bouche avec ce gland rose qui se détachait du corps caverneux noir.

Un videur arriva, balança brutalement les vêtements aux deux protagonistes, mélangeant leurs affaires et leur intima l'ordre de se rhabiller et d'aller voir ailleurs, sinon … C'est l'interprétation que j'en fis, n'entendant pas les menaces proférées à cause du bruit ambiant.
Les deux danseurs partirent en tentant de récupérer l'un de l'autre ce qui leur appartenait et disparurent. J'en profitais pour me faufiler jusqu'à l'escalier monumental qui montait aux anciens gradins ou baignoires car cette salle avait été construite dans un ancien théâtre. D'ailleurs sur la scène arrivait une Drag Queen qui tenait un micro d'une main et faisait bonjour aux spectateurs de l'autre. Elle était habillée de tulle bleue et jaune. Maquillée à outrance, dégoulinant de crèmes de toutes sortes, elle clignait des yeux en chantant. Belle voix mais qui n'avait rien d'une colorature ou d'une soprano. La foule applaudie et d'où j'étais, je vis des groupes se former devant la scène et scander du pied ou des mains le tempo de la musique. La grande zigue chanta plusieurs chansons quand je vis remonter sur scène mon p'tit mec au lacet, la bite toujours attachée et qui se contorsionnait au rythme de la chanson. Il portait en tout et pour tout, qu'une paire de tennis sans lacets, ce qui le faisait parfois trébucher.

La foule réagit en applaudissant, mais la Queen avait l'air furieuse, sans pour cela s'arrêter de bramer. Je fus bousculé à plusieurs reprises, mais j'attendais que ça se passe, les yeux rivés sur la scène. Le spectable était très folklorique …
- la bise, la bise … tonnait les spectateurs.

Je vis notre p'tit mec s'avancer vers la Queen mais je me retournais pour m'apprêter à descendre l'escalier et retrouver la piste. C'est là que je vis une masse sombre, mouvante, qui avançait et reculait comme le flux et le reflux des vagues et je compris pourquoi j'avais été bousculé. Mes yeux emplis de la lumière de la scène ne pouvaient pas bien distinguer. Je me dirigeais alors vers le groupe quand je fus happé par ce dernier, bousculé, tiraillé. Il me fallut quelques secondes pour que je retrouve mon équilibre. A plusieurs reprises, je glissais sur quelque chose qui avait l'air gluant. Une main me serra l'entrejambe. Je tentais de voir à qui appartenait cette main en tentant de la détacher, car elle me faisait mal en serrant ainsi. Impossible, j'avais en face de moi, plusieurs mecs qui me souriaient ou qui attendaient anxieusement comme moi, que les mains baladeuses finissent leur œuvre. Nous étions serrés comme des sardines et bousculés à la fois. Une autre main, puis une autre encore, s'attaquèrent à ma braguette. Si j'arrivais à enlever une, l'autre arrivait et ainsi de suite. En sueur, toujours bousculé et glissant sur mes pieds, je finis par me laisser faire. Je sentis une chaude liqueur sur ma cuisse. Du sperme à jets continus partaient dans tous les sens. Je compris que le plancher était barbouillé de sperme sur lequel je glissais.

C'est alors que parmi ceux qui me regardaient constamment, une main pénétra par l'ouverture de ma braguette, fis descendre maladroitement mon caleçon m'arrachant quelques poils dans l'aventure et saisit mon sexe encore en état de léthargie. Je vis un large sourire et put identifier le vainqueur de cette joute infernale. Il cessa de sourire et tout en me tenant m'interrogea du regard. Je lui fis signe que j'étais consentant. Il finit par se rapprocher de moi et je lui fis la même manœuvre. Il avait le sexe dur, en forme de longue virgule. Tout en se laissant ballotter, on se masturba longuement. Tant que l'on put, on fixait nos regards l'un dans l'autre, comme pour nous faire passer des messages sur notre plaisir ou notre déplaisir. En manque, je finis rapidement par cracher mais la main ne s'arrêta pas de me cajoler. Il fallut que je défisse les doigts les uns après les autres. Mon partenaire me mit une longue giclée qui atterrit sur la manche de ma veste noire. Bravo, me dis-je ! c'est foutu ! La vague des corps se fit encore plus pressante et à force, je me retrouvais dans un groupe tapi le long du mur. Là, je vis un spectacle ahurissant de mecs qui se faisaient enfiler debout. Je n'avais jamais vu ou participé à une telle chose. J'entendis prêt de mon oreille quelqu'un qui me susurra :
- tu te fais prendre ou tu prends ?

Belle entrée en matière si je puis dire. Je lui fis signe que non. La vague reprit de plus belle et je vis mon mec, partir dans un autre groupe. J'étouffais. La sueur me dégoulinait et j'avais le pantalon mouillé pour ne pas avoir eu le temps de m'essuyer.
Au bout de longues minutes, enlevant une main masturbatrice qui de ci de la faisait son œuvre sur quelques partenaires difficiles à identifier, je finis par sortir de cette marée humaine.
Je descendis rapidement les escaliers et me dirigeai vers les toilettes.
Quand je me vis dans la glace, le visage violet, les cheveux collés par la sueur, je me fis peur. Mais quand je constatais que ma manche de veste était pleine de sperme, qu'autour de ma braguette des gouttes de la même liqueur (la mienne sans doute) avaient auréolé le pantalon, qu'une jambière était aussi tachée, je me dis que la soirée était foutue et que je ne pouvais pas rester dans cet état-là. Scrupuleusement, j'entrepris de tout nettoyer et d'aller ensuite boire un verre au bar.
- de retour ? interrogea mon barman favori
- oui, mais quelle aventure
- ah bon !
Entre deux tournées, je lui expliquais ce qui m'était arrivé. Il sourit de manière malicieuse.
- c'est à chaque fois la même chose, mais vous n'aviez pas vu les fois précédentes ?
- non ! car je ne montais jamais auparavant. C'est la Drag qui m'a fait monter pour la voir de plus haut

Je pris le parti de rester assis longuement sur le tabouret du bar, jusqu'au moment où je ne ressentis plus l'humidité de mon pantalon.
A nouveau, un verre à la main, je fis le tour de la piste. Aucun envie de danser. J'avais évacué le trop plein et mon envie était plus d'avoir quelqu'un à caresser ce soir que de faire l'amour.
Rien, vraiment rien à se mettre sous la dent ce soir. Deux heures que j'avais tenté d'apercevoir dans cette foule qui se pressait sur la piste de danse, quelqu'un avec qui j'aurais pu … sympathiser.

C'est au moment où je dressais ce constat que nos regards se sont croisés. Il était petit, basané, les cheveux crépus, les yeux marrons mais bien plantés qui regardaient droit devant eux.
Je lui souris et lui fis un signe de tête. Il sourit. Il m'avait donc aperçu et répondait à mon signe. Je ne pouvais pas avancer. Il était debout, semblait seul. Monté sur la piste, je crus qu'il était plus grand, car la réalité, quand il vint vers moi, était tout autre. 1,70 m environ, on eût dit un gamin de 15 ans.
Il se dirigea vers moi, mais comme il était à moins de deux mètres de moi, il fit semblant de changer de cap croyant sans nul doute que je lui avais souri par politesse jusqu'alors.
- tu me fuis ? criais-je car la sono était à son maxi
- pardon ? fit-il en se retournant et en se désignant de l'index comme pour s'assurer que c'était bien à lui que je m'adressais.
- Tu me fuis ? répétais-je ?
- Fouis ? dit-il avec un fort accent. Non ! du tout !
Je m'avançais vers lui. Il continuait de sourire, montrant une belle rangée de dents blanches.
- salut ! lui fis-je
- bonjaour ! dit-il avec difficulté
- tu n'es pas français !
- non ! brésilianne !
- ok ! je comprends mieux !
- tou aimes les portouguaizes ?
- quelle question !
- si je t'ai posé question !
- j'ai bien compris, mais je disais qu'il n'y a aucun problème.

Il était prêt de moi. Il était habillé d'un tee-shirt ressemblant à ces maillots sans manches des basketteurs, mais dans un tissu plus épais. Dessus, il y avait des inscriptions que je n'arrivais pas à déchiffrer. Il portait un jean trop grand pour lui car le bas du pantalon se terminait façon tuyau de poêle sur ses tennis Nike.
Il était bien … bronzé et sentait bon.
Je lui montrais mon verre, bras levé tout en lui faisant un signe de la tête pour l'inviter à boire. A nouveau, il se désigna de l'index et j'acquiesçai de la tête. On se fraya un chemin et par bonheur, un couple venait de nous laisser un table où nous nous assîmes. Je fis signe au garçon.
- un autre ! lui dis-je en lui montrant le contenu de mon verre
- et vous ? interrogea le garçon
- io no sé pas !
- alcool, bière, soda, coca …
- pas alcool, coca alors.
- môssieu est sportif ? demandai-je
- no, zai zoué au foot, mais il y a deux zans que zé arrêté
- tu as quel âge ?
- 23 ans
- pas possible tu en parais 15 !
- tu veux voir ma carte
- j'veux bien car tu parais jeune
Il sortit une photocopie de sa poche arrière et en dessous de la photo, je pus lire l'année de naissance qui correspondait à ce qu'il m'annonçait.
- tu fais très jeune ? ça te gêne que je te dise ça ?
- non, zai l'habitoude.
Nous eûmes une très longue discussion sur le Brésil, le foot, Copacabana, le folklore, l'homosexualité au Brésil.
- ze parle beaucoup ! dit-il en riant
- non, c'est très intéressant et en plus …
- en plus ?
- tu es très mignon !
- ma non, ze souis brésilien, c'est tout
- si tu es très mignon et si je ne me retenais pas
- oui ?
- je …
- tou …
- te ferai l'amour … dis-je rapidement en portant mon verre à la bouche, intimidé d'un seul coup.
Le whisky était chaud et je pris conscience que cette conversation avait dû durer longtemps car au nombre de verres sur la table de part et d'autre …
- tou le ferait vraiment ?
La réponse eut l'effet d'un coup de poing dans l'estomac tant je ne m'attendais pas à cette réponse.
- réel ? demandais-je
- pourquoi pas, mais où ?
Là alors, j'étais estomaqué. Jamais on n'était passé aussi vite de la question à l'invitation. Souvent, ce sont des gestes, des attitudes qui font comprendre au partenaire qu'on a envie de lui. Là, c'était : " on y va ? ".
- chez moi, sinon ici c'est difficile
- Non, en haut, il y a ce qu'il faut !
- Ah bon ! fis-je surpris
- Oui si tou aimes partager avec d'autres
- Comment ça ?
- Il y a des petites cabines pour 3 ou 4 mecs
- Et toi ça te dérange pas ?
- Non, d'ailleurs j'aimerais bien essayé à 3
- Ah bon ? dis-je allant de surprise en surprise
- Tu veux voir ?
- Eh bien allons-y ! dis-je comme pour me persuader que je ne vivais pas un rêve. Tu as ce qu'il faut ?
- Kapote ? c'est comme ça qu'on dit chez vous ?
- Oui, kapote !

Il me montra le chemin. Apparemment, il n'y avait pas grand monde. 2 ou 3 cabines, dont une vide et les autres, relativement occupées à savoir chacun un couple où malgré le manque d'éclairage, on pouvait grâce à la lampe de 25 watts du couloir tachée de chiures de mouche, apercevoir des positions de circonstance. Dans l'une, on était à la fellation en position 69. Dans l'autre à la charge de la cavalerie légère.
La cabine dans laquelle on se dirigea, sentait un peu la sueur fraîche. A mon avis, ça avait dû copuler il y a peu. Une série de kleenex bien trempés me fit comprendre que j'avais raison. Les mecs sont vraiment dégueulasses. Ils baisent et comme dans les pique-nique (c'est le cas de le dire), ils laissent leur détritus. Du pied, je poussais tout dehors. Le matelas de 90 à même le sol était protégé par une housse plastifiée - je le sentais à la main comme je sentais aussi, que pas mal d'abus sexuels avaient dus être commis tant ma main revint à son tour mouillée. Je pris mon mouchoir et consciencieusement, j'essuyais. Mon compagnon était debout.
- qu'est-ce que tou fait ?
- j'essuie les restes des grands dégueulasses
- pardon ?
- rien - t'en fait pas.

Quand j'eus fini, je me plantais face à mon partenaire. Il était vraiment petit et j'avais l'impression d'avoir un môme devant moi. Je m'approchais à le toucher et je l'embrassais du bout des lèvres. Celles-ci s'ouvrirent et une langue commença à me lécher les lèvres. Un petit goût de sucré - reste de coca - : bon à déguster. Je sentis deux mains chaudes s'emparer de ma veste et me la quitter brutalement. Puis les deux mains s'engouffrèrent sous mon tee-shirt et caressèrent les poils de mon torse. C'était doux. A mon tour, j'enlevais le tee-shirt - du moins ce que je devinais et je passais la main devant le pantalon pour sentir qu'une chose bougeait à l'intérieur. Je mis le plat de ma main plaqué sur la braguette et effectivement, je sentais que ça grimpait rapidement à l'intérieur. Le serpent se déployait. La longueur me surprit.
- t'es bien monté ! dis-je à mon compagnon
- tou en doutait, tou croyait que les bresilianes avaient petites queues ?
- non, mais pas à ce point là.
- Et toi, tou es comment ? dit-il en passant directement de mon torse à l'intérieur de mon pantalon
Je sentis sa main qui cherchait mon sexe au repos. Quand il le trouva, il le secoua, comme pour le faire bouger
- t'as pas envie
- Si ! sens ! Mon sexe se redressa rapidement
- Oulala, il est gros !

Je l'embrassais, toujours debout, penché sur lui à en avoir mal aux épaules. Il embrassait merveilleusement bien. Il colla son bas ventre le long du mien et on pouvait sentir l'un et l'autre, les hampes dressées et pleines de désir.
Tout en l'embrassant, je lui fis tomber son pantalon, son slip et lui demanda de retirer ses chaussettes.
- vous les français, vous n'aimez pas les sosettes
- si, mais pas pour faire l'amour.
Il rit pendant que d'une main, je me déshabillais complètement.
Je le couchai sur le matelas et j'entrepris de l'embrasser partout. Quand je pris son sexe à la main, il avait la forme d'une longue virgule. Pas trop grosse, mais longue.

On se suça consciencieusement même s'il appréciait plus de me masturber avec sa main qui me serrait très fort le gland. Je le caressai partout, le massai, le griffai légèrement. Puis je le retournai. Il pensa que j'allais lui masser les épaules, mais quand il sentit ma langue entre ses fesses, il soupira longuement. A petits coups, cette dernière pénétra facilement. Je mis alors un doigt, puis deux, puis trois. Son anus se détendait rapidement. J'ai des mains assez fortes et déjà, ma main avait pénétré complètement jusqu'à hauteur des articulations des doigts. Il râlait.
- c'est bon ? lui susurais-je à l'oreille
- oh ouiiii, tou fais ça très bien
- c'est dommage qu'on ne soit pas trois, sinon, on te pénétrerait à deux ! dis-je pour m'exciter un peu plus
- va chercher un troisième !
Je retirais ma main
- tu parles sérieusement ?
- oui, z'ai zamais essayé, mais ça m'excite.
Je restais un instant à m'interroger. Qu'allais-je faire ? où pourrais-je trouver quelqu'un.
Je mis mon pantalon, me pencha à son oreille et lui dis :
- attends-moi je reviens
Je me mis dans le couloir, 3 mecs apparemment pas ensemble déambulaient. Tout bas, je murmurai :
- ça intéresse quelqu'un de prendre un mec à 2 avec moi ?
Un instant de silence. Je me dis qu'on allait me prendre pour un con.
- moi ! entendis-je
Je m'approchais de lui. Il était grand, carré, mais pas gros. Il me souriait.
- sérieux ? fit-il
- oui ! mon pote a envie
- il a quel âge ?
- 23
- alors ok !
Je le fis passer devant moi. La pénombre à nouveau.
- fous-toi à poil ! lui dis-je
- ok ! j'arrive
J'attendis quelques instants. Mon partenaire brésilien ne bougeait plus.
- ça y est ! me fit notre troisième
Je me retournais vers lui, cherchais de la main son sexe et sentis qu'il était dressé.
- belle queue !
- merci ! me fit-il.
Je le pris par le bras et le fis asseoir sur le lit.
- dis-moi ! appelle-je mon compagnon
- Yesoussse, je m'appelle Yesousse
Je me mis à rire. Jésus entre deux larrons.
- Tou ris, tou te fous de moi toi aussi
- non, excuse-moi c'est nerveux - moi c'est Sam et toi ? demandais-je à notre invité
- André
- Eh bien allons-y de bon cœur ! conclus-je

Les corps s'entremêlèrent, se touchèrent, se caressèrent. Je recevais des caresses d'une main, de deux parfois de 3 puis de 4. Je ne sais pas qui parfois me suçait ni qui je suçais. Cela dura un grand moment. A deux ou trois reprises on entendit :
- oh pardon ! je croyais qu'il n'y avait personne
ou
- rentre pas, y a des mecs dedans
de candidats à la luxure et à la recherche d'une petite place.
- tou me prends ?
Cette demande de Jésus remit assis un des corps.
- j'ai rien avec moi dit André
- j'ai ! fis-je en défaisant de la boîte deux préservatifs que j'avais mise sur le côté
- on le prend à 2 maintenant ? murmura André comme si on s'apprêtait à tuer un mec.
- tu vas le prendre en te couchant sur le dos et après, je le prendrais à mon tour, une fois qu'il sera assis à califourchon sur toi, mais on y va doucement
- Ok ! dit André
- Qu'est-ce que tou dis ? interrogea Jésus
- Nada, on te dira reste couché
Un moment se passa puis dans la pénombre j'entendis
- je suis prêt
- Ok, on y va
Je pris le bras de Jésus et le fis asseoir. André se coucha sur le dos.
- tu vas te mettre à genoux et tu vas te l'enfoncer dis-je à Jésus
- Ok
J'attendis un moment. J'entendis des
- doucement ! de la part de Jésus,
puis,
- c'est bon ! de la part d'André

Il me confirma qu'il avait pénétré complètement Jésus. Je lui dis de lui faire un peu l'amour afin de bien le préparer. Les râles de l'autre me firent penser que tout allait pour le mieux.
Je me mis alors à genoux, mes jambes enserrant celles d'André couché de tout son long sur le dos. De la main, je cherchai les fesses de Jésus qui me prit la main et l'accompagna jusqu'à l'endroit désiré. J'enserrai alors mon sexe et Jésus me guida. Je sentais maintenant le sexe d'André qui ne bougeait pas. Le trou était là. Je mis du temps à me positionner.
- si je te fais mal tu me le dis
- oui, ça va pour l'instant ! répondit Jésus
Mon gland s'enfonça. Les deux capotes qui se frottaient, firent entendre un bruissement comme du papier qu'on froisse.
- Ca va ?
- Un peu mal, mais vas-y
Je mis un temps qui me sembla infini. Puis à un certain moment, je sentis mon sexe glisser sur celui d'André.
- Ah !!! c'est bon !!! geigna Jesus
- André ?
- Oui ?
- On peut y aller, mais doucement

Je sentis son sexe sortir légèrement et entrer. Je fis de même au diapason. Première fois que je prenais un mec à deux et que je sentais la queue d'un autre contre la mienne pendant l'acte. C'est plus ma tête qui fonctionna que le plaisir que j'en ressentis vraiment. Les râles se firent de plus en plus nombreux.
- ils baisent un mec à deux ! dit une voix assourdie
- Oh ? répondit une autre voix
Je pus voir 2 ombres distinctes dans l'embrasure de la porte.
- faites chier les mecs ! allez voir ailleurs !
Ce qu'ils firent.
Les longs va et vient eurent tôt fait de me faire jouir dans un long râle. Avant de me retirer, je caressais les bourses d'André d'une main et celles de Jésus de l'autre.
André ne tarda pas à jouir. Je sentis à proximité de mon gland toujours enfoncé, une chaleur et une sorte de boule qui roulait.
Nous restâmes, hébétés durant quelques longues secondes.
- Ca va ? interroge-je
- Oui ! répondirent en cœur mes deux compagnons.

Je me levais et m'habillais. Les autres en firent autant.
Je remerciais André pour sa participation et invitais Jésus qui me demanda d'aller faire un tour aux toilettes. Quand il revint, il m'annonça qu'il devait partir car il saignait, pas abondamment, mais suffisamment pour que ça risque de traverser son jean.
Je le saluais de la main. Il me sourit et me tourna le dos. Une tache commençait à se voir.
Depuis, je n'ai jamais fait l'amour à trois. Un phantasme satisfait, mais pas forcément l'envie de recommencer.