La capote a glissé? Craqué? Vous l'avez « oubliée »? Ce n'est pas le moment de paniquer mais d'agir. Le traitement post-exposition, ou traitement d'urgence, réduit le risque de contamination par le VIH. En six points, tout ce qu'il faut savoir sur ce TPE.

Le TPE, c'est quoi ?
Le TPE vise à détruire le VIH avant qu'il ne se développe dans l'organisme. Ce traitement d'un mois associe trois antirétroviraux. Attention, le TPE est d'autant plus efficace qu'il est commencé tôt: si possible dans les quatre heures, et de préférence avant vingt-quatre heures. Selon la législation, quarante-huit heures après la prise de risque, le TPE n'a plus à être prescrit.

Appelez immédiatement Sida Info Service
Premier réflexe : le 0 800 840 800. C'est le numéro gratuit de Sida Info Service . L'écoutant fera une première évaluation du risque avec vous avant de vous indiquer l'adresse du service d'urgences le plus proche. Sachez que les rapports anaux non protégés et la fellation avec éjaculation sont deux des indications possibles de TPE. Mais que c'est avec le médecin que vous évaluerez précisément le risque auquel vous avez été exposé. Attention: en présence de sang ou de sperme, les risques sont multipliés.

Aux urgences, ça se passe comment ?
À l'arrivée aux urgences, inutile de donner les détails à l'accueil : évoquer un accident d'exposition au VIH (et le délai écoulé) doit suffire pour voir un médecin rapidement, et cela 24 heures sur 24. Première étape : un dépistage, pour vérifier que vous n'étiez pas infecté par le VIH auparavant. Résultats en trente minutes si des tests rapides sont disponibles, ou en quelques heures sinon. Au cours de la consultation, le médecin va évaluer le niveau de risque avec vous, pour aboutir à la décision de délivrer ou non le TPE.

Venez si possible avec votre partenaire
De préférence, faites-vous accompagner par votre partenaire pour faciliter l'évaluation du risque pris. S'il ignore son statut, un dépistage lui sera proposé. S'il est séropositif, apportez bilans (CD4 et charge virale), génotype et ordonnance avec mention du traitement, ce qui permet le choix du traitement le plus adapté. À défaut, ayez sur vous son numéro de téléphone.

Un traitement d'un mois, pas anodin
Les services d'urgences disposent de « kits » d'antirétroviraux (ARV) pour 2 à 3 jours. Ensuite, au cours d'une nouvelle consultation, un médecin référent VIH va réévaluer le bien-fondé du TPE (avec les résultats des premières analyses) et vérifier la façon dont votre organisme le tolère. N'hésitez pas à lui poser toutes vos questions. Le TPE peut avoir des effets indésirables (diarrhées, nausées, fatigue, vertiges, maux de tête) qui le plus souvent disparaissent après quelques jours. Si l'intérêt du TPE est confirmé, vous aurez une ordonnance pour quatre semaines de traitement, à suivre scrupuleusement.

Quand saurai-je si je suis infecté ?
Le TPE pouvant fausser les résultats des tests de dépistage, il faut attendre un mois après la fin du traitement pour un premier contrôle du statut sérologique. Si c'est négatif, le contrôle définitif n'est possible que trois mois après la fin du TPE. Si le TPE n'est pas sans contraintes (durée, effets secondaires, consultations médicales...), c'est une solution d'urgence très utile si on agit vite. Pendant toute la période de traitement, continuez de vous protéger, ainsi que vos partenaires. Si vous avez plusieurs fois recours au TPE par an, sachez que vous pouvez discuter de vos difficultés à utiliser le préservatif avec Sida Info Service.

 

Sida Info Service : 0 800 840 800, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, appel anonyme gratuit depuis un poste fixe. À partir du site web (www.sida-info-service.org), vous pouvez aussi être rappelé (y compris sur un portable).

 

QUE FAIRE EN CAS DE REFUS DE DÉLIVRANCE ?
Cela reste rare, mais certains médecins des urgences peuvent être plus ou moins bien informés. On vous refuse un TPE alors que vous pensez en avoir besoin ? Pas de panique et pas d'énervement. Le mieux est de prendre conseil en appelant sur place Sida Info Service, ce qui pourra débloquer la situation.
Et à l'étranger ? Les situations sont bien évidemment très variables. Le mieux est de demander conseil auprès de Sida Info Service (depuis l'étranger : + 33 1 55 25 13 53).

Article publié dans TÊTU n°157, juillet-août 2010